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le testament d’un excentrique.

Valley californienne !… Bonne chance !… oui ! je la lui souhaite et de tout cœur ! »

Décidément, Max Réal pensait quelquefois à Lissy Wag — souvent même, — et sans doute trop souvent, se dit peut-être Mme Réal, un peu surprise de la chaleur qu’il mettait à en parler.

« Et tu ne demandes pas, Max, quel est ce pavillon vert ?… reprit-elle.

— Celui qui se déploie au-dessus de la vingt-deuxième case, chère mère ?…

— C’est le pavillon de M. Kymbale.

— Un brave et aimable garçon, ce journaliste, déclara Max Réal, et qui, d’après ce que j’ai entendu dire, profite de l’occasion pour voir du pays…

— En effet, mon enfant, et la Tribune publie ses chroniques presque chaque jour.

— Eh bien, mère, ses lecteurs doivent être satisfaits, et s’il va jusqu’au fond de l’Oregon ou du Washington, il leur racontera de curieuses choses !

— Mais il est bien en retard.

— Cela n’importe guère au jeu que nous jouons, répondit Max Réal, et un coup heureux vous met vite en avance !

— Tu as raison, mon fils…

— Maintenant, quel est ce pavillon qui semble tout triste d’être arboré sur la quatrième case ?…

— Celui d’Hermann Titbury.

— Ah ! l’horrible bonhomme !… s’écria Max Réal. Qu’il doit enrager d’être dernier… et bon dernier !

— Il est à plaindre, Max, réellement à plaindre, car il n’a fait que quatre pas en deux coups de dés, et, après avoir été au fond du Maine, il a dû repartir pour l’Utah ! »

À cette date du 1er juin, on ne pouvait encore savoir que le couple Titbury avait été dépouillé de tout ce qu’il possédait, après son arrivée à Great Salt Lake City.