Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/147

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— Oui, nous le retrouverons, répondit Glenarvan. Thalcave nous a mis sur ses traces, et j’ai confiance en lui.

— Un brave Indien, Thalcave, dit l’enfant.

— Certes.

— Savez-vous une chose, mylord ?

— Parle d’abord, et je te répondrai.

— C’est qu’il n’y a que des braves gens avec vous ! Madame Helena que j’aime tant, le major avec son air tranquille, le capitaine Mangles, et monsieur Paganel, et les matelots du Duncan, si courageux et si dévoués !

— Oui, je sais cela, mon garçon, répondit Glenarvan.

— Et savez-vous que vous êtes le meilleur de tous ?

— Non, par exemple, je ne le sais pas !

— Eh bien, il faut l’apprendre, mylord, » répondit Robert, qui saisit la main du lord et la porta à ses lèvres.

Glenarvan secoua doucement la tête, et si la conversation ne continua pas, c’est qu’un geste de Thalcave rappela les retardataires. Ils s’étaient laissé devancer. Or, il fallait ne pas perdre de temps, et songer à ceux qui restaient en arrière.

On reprit donc une allure rapide ; mais il fut bientôt évident que, Thaouka excepté, les chevaux ne pourraient longtemps la soutenir. À midi, il fallut leur donner une heure de repos. Ils n’en pouvaient plus et refusaient de manger les touffes d’alfafares, sorte de luzerne maigre et torréfiée par les rayons du soleil.

Glenarvan devint inquiet. Les symptômes de stérilité ne diminuaient pas, et le manque d’eau pouvait amener des conséquences désastreuses. Thalcave ne disait rien, et pensait probablement que si la Guamini était desséchée, il serait alors temps de se désespérer, si toutefois un cœur indien a jamais entendu sonner l’heure du désespoir.

Il se remit donc en marche, et, bon gré, mal gré, le fouet et l’éperon aidant, les chevaux durent reprendre la route, mais au pas, ils ne pouvaient faire mieux.

Thalcave aurait bien été en avant, car, en quelques heures, Thaouka pouvait le transporter aux bords du rio. Il y songea sans doute ; mais sans doute aussi il ne voulut pas laisser ses deux compagnons seuls au milieu de ce désert, et, pour ne pas les devancer, il força Thaouka de prendre une allure plus modérée.

Ce ne fut pas sans résister, sans se cabrer, sans hennir violemment, que le cheval de Thalcave se résigna à garder le pas ; il fallut non pas tant la vigueur de son maître pour l’y contraindre que ses paroles. Thalcave causait véritablement avec son cheval, et Thaouka, s’il ne lui répondait