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du capitaine grant.

« Quand vous voudrez, mylord, je suis à vos ordres. »

Glenarvan reprit la dictée de sa lettre, qui fut définitivement libellée en ces termes :

« Ordre à Tom Austin de prendre la mer sans retard et de conduire le Duncan par trente-sept degrés de latitude à la côte orientale de l’Australie… »

— De l’Australie ? dit Paganel. Ah ! oui ! de l’Australie ! »

Puis il acheva sa lettre et la présenta à la signature de Glenarvan. Celui-ci, gêné par sa récente blessure, se tira tant bien que mal de cette formalité. La lettre fut close et cachetée. Paganel, d’une main que l’émotion faisait trembler encore, mit l’adresse suivante :

Tom Austin,
Second à bord du yacht le Duncan,
Melbourne.

Puis, il quitta le chariot, gesticulant et répétant ces mots incompréhensibles :

« Aland ! Aland ! Zealand ! »


CHAPITRE XXI


QUATRE JOURS D’ANGOISSES.


Le reste de la journée s’écoula sans autre incident. On acheva de tout préparer pour le départ de Mulrady. Le brave matelot était heureux de donner à Son Honneur cette marque de dévouement.

Paganel avait repris son sang-froid et ses manières accoutumées. Son regard indiquait bien encore une vive préoccupation, mais il paraissait décidé à la tenir secrète. Il avait sans doute de fortes raisons pour en agir ainsi, car le major l’entendit répéter ces paroles, comme un homme qui lutte avec lui-même :

« Non ! non ! ils ne me croiraient pas ! Et, d’ailleurs, à quoi bon ? Il est trop tard ! »

Cette résolution prise, il s’occupa de donner à Mulrady les indications nécessaires pour atteindre Melbourne, et la carte sous les yeux, il lui traça son itinéraire. Tous les « tracks », c’est-à-dire les sentiers de la prairie,