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les enfants

afin d’y passer la mauvaise saison. C’est à cette époque qu’il recueillit Jacob Louper. Le 27 juin, Howitt et deux de ses hommes, Robert Little, Henri Mullis, quittèrent le campement. Ils traversèrent le lac Brunner. Depuis, on ne les a jamais revus. Leur canot, frêle et ras sur l’eau, fut retrouvé échoué sur la côte. On les a cherchés pendant neuf semaines, mais en vain, et il est évident que ces malheureux, qui ne savaient pas nager, se sont noyés dans les eaux du lac.

— Mais pourquoi ne seraient-ils pas sains et saufs, chez quelque tribu zélandaise ? dit lady Helena. Il est au moins permis d’avoir des doutes sur leur mort.

— Hélas ! non, madame, répondit Paganel, puisque, au mois d’août 1865, un an après la catastrophe, ils n’avaient pas reparu… et quand on est un an sans reparaître dans ce pays de la Nouvelle-Zélande, murmura-t-il à voix basse, c’est qu’on est perdu irrévocablement ! »


CHAPITRE IX

TRENTE MILLES AU NORD.


Le 7 février, à six heures du matin, le signal du départ fut donné par Glenarvan. La pluie avait cessé pendant la nuit. Le ciel, capitonné de petits nuages grisâtres, arrêtait les rayons du soleil à trois milles au-dessus du sol. La température modérée permettait d’affronter les fatigues d’un voyage diurne.

Paganel avait mesuré sur la carte une distance de quatre-vingts milles entre la pointe de Cahua et Auckland ; c’était un voyage de huit jours, à dix milles par vingt-quatre heures. Mais au lieu de suivre les rivages sinueux de la mer, il lui parut bon de gagner à trente milles le confluent du Waikato et du Waipa, au village de Ngarnavahia. Là, passe l’« overland mail track, » route, pour ne pas dire sentier, praticable aux voitures, qui traverse une grande partie de l’île depuis Napier sur la baie Hawkes jusqu’à Auckland. Alors, il serait facile d’atteindre Drury et de s’y reposer dans un excellent hôtel que recommande particulièrement le naturaliste Hochstetter.

Les voyageurs, munis chacun de leur part de vivres, commencèrent à tourner les rivages de la baie Aotea. Par prudence, ils ne s’écartaient point les uns des autres, et par instinct, leurs carabines armées, ils surveillaient