Page:Verne - Les Indes noires, 1877.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
les exploits de jack ryan

Debout, les bras croisés, voulant toujours percer cette ombre impénétrable, Jack Ryan attendit. Puis, il lui vint à la pensée que, si lui ne pouvait descendre, les habitants de la houillère, eux, n’avaient pu remonter. Il n’existait plus, en effet, aucune communication entre le sol du comté et les profondeurs de la fosse. Si cet enlèvement des échelles inférieures du puits Yarow avait été pratiqué depuis sa dernière visite au cottage, qu’étaient devenus Simon Ford, sa femme, son fils et l’ingénieur ? L’absence prolongée de James Starr prouvait évidemment qu’il n’avait pas quitté la fosse depuis le jour où Jack Ryan s’était croisé avec lui dans le puits Yarow. Comment, depuis lors, s’était fait le ravitaillement du cottage ? Les vivres n’avaient-ils pas manqué à ces malheureux, emprisonnés à quinze cents pieds sous terre ?

Toutes ces pensées traversèrent l’esprit de Jack Ryan. Il vit bien qu’il ne pouvait rien par lui-même pour arriver jusqu’au cottage. Y avait-il eu malveillance dans ce fait que les communications étaient interrompues ? cela ne lui paraissait pas douteux. En tout cas, les magistrats aviseraient, mais il fallait les prévenir au plus vite.

Jack Ryan se pencha au-dessus du palier.

« Harry ! Harry ! » cria-t-il de sa voix puissante.

Les échos se renvoyèrent à plusieurs reprises le nom d’Harry, qui s’éteignit enfin dans les dernières profondeurs du puits Yarow.

Jack Ryan remonta rapidement les échelles supérieures, et revit la lumière du jour. Il ne perdit pas un instant. Tout d’une traite, il regagna la gare de Callander. Il ne lui fallut attendre que quelques minutes le passage de l’express d’Édimbourg, et, à trois heures de l’après-midi, il se présentait chez le lord-prévôt de la capitale.

Là, sa déclaration fut reçue. Les détails précis qu’il donna ne permettaient pas de soupçonner sa véracité. Sir W. Elphiston, président de Royal Institution, non seulement collègue, mais ami particulier de James Starr, fut aussitôt averti, et il demanda à diriger les recherches qui allaient être faites sans délai à la fosse Dochart. On mit à sa disposition plusieurs agents, qui se munirent de lampes, de pics, de longues échelles de corde, sans oublier vivres et cordiaux. Puis, conduits par Jack Ryan, tous prirent immédiatement le chemin des houillères d’Aberfoyle.

Le soir même, Sir W. Elphiston, Jack Ryan et les agents arrivèrent à l’orifice du puits Yarow, et ils descendirent jusqu’au vingt-septième palier, sur lequel Jack s’était arrêté, quelques heures auparavant.

Les lampes, attachées au bout de longues cordes, furent envoyées dans les