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la fosse dochart

teurs. C’était maintenant un abîme silencieux. Il semblait qu’on fût à la bouche de quelque volcan éteint.

James Starr et Harry mirent pied sur le premier palier.

À l’époque de l’exploitation, d’ingénieux engins desservaient certains puits des houillères d’Aberfoyle, qui, sous ce rapport, étaient parfaitement outillées : cages munies de parachutes automatiques, mordant sur des glissières en bois, échelles oscillantes, nommées « engine-men », qui, par un simple mouvement d’oscillation, permettaient aux mineurs de descendre sans danger ou de remonter sans fatigue.

Mais ces appareils perfectionnés avaient été enlevés, depuis la cessation des travaux. Il ne restait au puits Yarow qu’une longue succession d’échelles, séparées par des paliers étroits de cinquante en cinquante pieds. Trente de ces échelles, ainsi placées bout à bout, permettaient de descendre jusqu’à la semelle de la galerie inférieure, à une profondeur de quinze cents pieds. C’était la seule voie de communication qui existât entre le fond de la fosse Dochart et le sol. Quant à l’aération, elle s’opérait par le puits Yarow, que les galeries faisaient communiquer avec un autre puits dont l’orifice s’ouvrait à un niveau supérieur, — l’air chaud se dégageant naturellement par cette espèce de siphon renversé.

« Je te suis, mon garçon, dit l’ingénieur, en faisant signe au jeune homme de le précéder.

À vos ordres, monsieur Starr.

— Tu as ta lampe ?

— Oui, et plût au Ciel que ce fût encore la lampe de sûreté dont nous nous servions autrefois !

— En effet, répondit James Starr, les coups de grisou ne sont plus à craindre maintenant ! »

Harry n’était muni que d’une simple lampe à huile, dont il alluma la mèche. Dans la houillère, vide de charbon, les fuites du gaz hydrogène protocarboné ne pouvaient plus se produire. Donc, aucune explosion à redouter, et nulle nécessité d’interposer entre la flamme et l’air ambiant cette toile métallique qui empêche le gaz de prendre feu à l’extérieur. La lampe de Davy, si perfectionnée alors, ne trouvait plus ici son emploi. Mais si le danger n’existait pas, c’est que la cause en avait disparu, et, avec cette cause, le combustible qui faisait autrefois la richesse de la fosse Dochart.

Harry descendit les premiers échelons de l’échelle supérieure. James Starr le suivit. Tous deux se trouvèrent bientôt dans une obscurité profonde que