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pour tous les services qu’on avait reçus de lui et qu’on en recevait encore.

La multiplicité de ses occupations n’épuisait pas, en effet, l’activité du Kaw-djer, et le chef n’avait pas fait tort au médecin. Pas un jour il ne manquait d’aller voir les malades et les blessés de l’émeute. Il avait, d’ailleurs, de moins en moins à faire. Sous la triple influence de la saison plus clémente, de la paix morale et du travail, la santé publique s’améliorait rapidement.

De tous les malades et blessés, Halg était, bien entendu, le plus cher à son cœur. Quelque temps qu’il fit, quelle que fût sa fatigue, il passait matin et soir au chevet du jeune Indien, d’où Graziella et sa mère ne s’éloignaient pas. Il avait le bonheur de constater un mieux progressif. On fut bientôt certain que la blessure du poumon commençait à se fermer. Le 15 novembre, Halg put enfin quitter le lit sur lequel il gisait depuis près d’un mois.

Ce jour-là, le Kaw-djer se rendit à la maison habitée par la famille Rhodes.

« Bonjour, madame Rhodes !… Bonjour, les enfants ! dit-il en entrant.

— Bonjour, Kaw-djer ! » lui répondit-on à l’unisson.

Dans cette atmosphère si cordiale, il perdait toujours un peu de sa froideur. Edward et Clary se pressèrent contre lui. Paternellement il embrassa la jeune fille et caressa la joue du jeune garçon.

« Enfin, vous voici, Kaw-djer !… s’écria Mme Rhodes. Je vous croyais mort.

— J’ai eu beaucoup à faire, madame Rhodes.

— Je le sais, Kaw-djer, je le sais, approuva Mme Rhodes. C’est égal, je suis contente de vous voir… J’espère que vous allez me donner des nouvelles de mon mari.

— Votre mari est parti, madame Rhodes. Voilà tout ce que je peux vous dire.

— Grand merci du renseignement !… Reste à savoir quand il doit revenir.

— Pas de si tôt, madame Rhodes. Votre veuvage est loin d’être fini. »

Mme Rhodes soupira tristement.

« Il ne faut pas être triste, madame Rhodes, reprit le Kaw-djer. Tout s’arrangera avec un peu de patience… D’ailleurs, je