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IV

dans les grottes.

Quand le Kaw-djer sortit du gouvernement, l’orage était apaisé. Il ne pleuvait plus. Chassant devant lui les nuages, le soleil avait jailli de la mer et dorait Libéria de ses rayons obliques.

Le Kaw-djer regarda autour de lui. Il ne vit personne. Comme chaque jour, il sortait le premier du sommeil.

Aspirant largement l’air matinal, il s’avança de quelques pas sur la place transformée par l’orage en un lac de boue. La porte entrouverte du Tribunal attira aussitôt son attention. Sans attacher à cette négligence beaucoup d’importance, il s’approcha de la porte dans l’intention de la fermer. Il aperçut alors qu’elle avait été fracturée, ce qui le surprit grandement. Quel était le sens d’une telle infraction ? Y avait- il donc des gens si dénués de tout que le misérable contenu de cette salle eût été capable de les tenter ?

Le Kaw-djer poussa la porte et, dès le seuil, vit le tonnelet. Il ne comprit pas tout d’abord, mais un rapide examen l’eut bientôt renseigné. Cette poudre répandue… cette mèche aux trois quarts consumée qui traînait sur le parquet… Il n’y avait pas à s’y tromper : on avait voulu le faire sauter, et le gouvernement avec lui.

Cette découverte le plongea dans la stupéfaction. Eh quoi ! il existait des colons qui le haïssaient à ce point !… Puis il réfléchit, cherchant quels pouvaient être les auteurs d’un pareil attentat. Certes, il n’était en état d’accuser personne. Mais il connaissait trop bien cependant la population de la ville, pour