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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

de démonstrations amicales. Aussitôt que le plan du fort eut été tracé, Cook laissa treize hommes avec un officier pour garder les tentes et s’enfonça avec ses compagnons dans l’intérieur du pays. Des détonations d’armes à feu les rappelèrent presque aussitôt.

Un incident très pénible, et dont les conséquences pouvaient être fort graves, venait de se produire.

Un des naturels qui rôdaient autour des tentes avait surpris une sentinelle et s’était emparé de son fusil. Une décharge générale fut aussitôt faite sur la foule inoffensive, mais qui heureusement n’atteignit personne. Toutefois, le voleur, ayant été poursuivi, fut pris et tué.

Il est facile de comprendre l’émotion qui s’ensuivit. Cook dut prodiguer ses protestations pour ramener les indigènes. Il leur paya tout ce dont il avait besoin pour la construction de son fort, et ne permit pas qu’on touchât à un arbre sans leur autorisation. Enfin, il fit attacher au mât et frapper de coups de garcette le boucher de l’Endeavour, qui avait menacé de mort la femme de l’un des principaux chefs. Ces procédés firent oublier ce qu’avait eu de pénible le premier incident, et, sauf quelques larcins commis par les insulaires, les relations ne cessèrent d’être amicales.

Cependant, le moment d’exécuter le principal objet du voyage approchait. Cook prit aussitôt ses mesures pour mettre à exécution les instructions qu’il avait reçues. À cet effet, il expédia une partie des observateurs avec Joseph Banks à Eimeo, l’une des îles voisines. Quatre autres gagnèrent un endroit commode et assez éloigné du fort, où Cook lui-même se proposait d’attendre le passage de la planète, et qui a gardé le nom de « pointe de Vénus ».

La nuit qui précéda l’observation s’écoula dans la crainte que le temps ne fût pas favorable ; mais, le 3 juin, le soleil se montra dès le matin dans tout son éclat, et pas un nuage ne vint pendant toute la journée gêner les observateurs.

« L’observation fut très fatigante pour les astronomes, dit M. W. de Fonvielle dans un article de la Nature du 28 mars 1874, car elle commença à 9 heures 21 minutes du matin et se termina à 3 heures 10 minutes du soir, à un moment où la chaleur était étouffante. Le thermomètre marquait 120 degrés Fahrenheit. Cook nous avertit, et on le croit facilement, qu’il n’était pas sûr lui-même de la fin de son observation. Dans de pareilles circonstances thermométriques, l’organisme humain, cet admirable instrument, perd toujours de sa puissance. »

En entrant sur le soleil, le bord de Vénus s’allongea comme s’il avait été