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LES EXPLORATEURS DE L’AFRIQUE.

Kong, dont le souverain pouvait mettre sur pied une armée plus nombreuse que celle du roi de Bambara.

Dépouillé par des brigands du peu qu’il possédait, le malheureux Mungo-Park, au milieu d’un immense désert, pendant la saison pluvieuse, à cinq cents lieues de l’établissement européen le plus voisin, se sentit un moment à bout de force et d’espoir. Mais ce fut une crise de peu de durée. Reprenant courage, il atteignit la ville de Sibidoulou, dont le « mansa » ou chef lui fit retrouver son cheval et ses habits qui lui avaient été volés par des brigands foulahs, puis Kamalia, où Karfa Taura lui proposa de gagner la Gambie, après la saison des pluies, avec une caravane d’esclaves. Épuisé, sans ressources, attaqué de la fièvre, qui pendant cinq semaines l’empêcha de sortir, Mungo-Park fut contraint de s’arrêter à ce parti.

Le 19 avril fut le jour du départ de la caravane pour la côte. Avec quelle joie Mungo-Park salua son lever, on peut aisément le deviner ! Après avoir traversé le désert de Jallonka et passé le bras principal du Sénégal, puis la Falemé, la caravane atteignit enfin les bords de la Gambie et Pisania, où Mungo-Park tomba, le 12 juin 1797, dans les bras du docteur Laidley, qui ne comptait plus le revoir.

Le 22 septembre, Mungo-Park rentrait en Angleterre. L’enthousiasme fut tel, à l’annonce de ses découvertes, si grande était l’impatience avec laquelle on attendait la relation de ce voyage, assurément le plus important qui eût été fait dans cette partie de l’Afrique, que la Société Africaine dut lui permettre de publier, à son profit, un récit abrégé de ses aventures.

On lui devait sur la géographie, les mœurs et les coutumes du pays, plus de faits importants que n’en avaient recueilli tous les voyageurs qui l’avaient précédé. C’est lui qui venait de fixer la position des sources du Sénégal et de la Gambie, et relever le cours du Niger ou Djoliba, coulant vers l’est alors que la Gambie descendait à l’ouest.

C’était mettre fin, par des faits positifs, à un débat qui avait jusqu’alors divisé les géographes. En même temps, il n’y avait plus moyen de confondre ces trois fleuves comme l’avait fait, en 1707, le géographe français Delisle, qui nous présentait le Niger courant vers l’est depuis le Bornou, et se terminant par le fleuve du Sénégal à l’ouest. Mais lui-même avait reconnu et corrigé cette erreur dans ses cartes, de 1722 à 1727, sans doute d’après les informations recueillies par André Brue, le gouverneur du Sénégal pour la Compagnie.

Houghton avait bien reçu, des naturels, des renseignements assez précis sur la source du Niger dans le pays de Manding, sur la position approximative de