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LES EXPLORATEURS DE L'AFRIQUE.

dont quelques-uns se sont fixés dans le pays. Ces Arabes appartiennent à diverses tribus. Ils mènent, pour la plupart, une vie errante sur les frontières du Darfour, où ils font paître leurs chameaux, leurs chevaux et leurs bœufs, et ils ne sont pas assez soumis au sultan pour lui donner toujours des secours en temps de guerre, ou pour lui payer tribut en temps de paix..... Après les Arabes viennent les gens du Zeghawa, pays qui formait autrefois un état indépendant, dont le chef pouvait, dit-on, mettre en campagne mille cavaliers pris parmi ses propres sujets. Les Zeghawas parlent un autre dialecte que celui du Darfour.

« On peut compter ensuite les habitants du Bego ou Dageou, maintenant sujets du Darfour et issus d’une tribu qui dominait autrefois ce pays. »

Les Darfouriens peuvent supporter longtemps la soif et la faim, et cependant ils se livrent avec passion à l’usage d’une liqueur fermentée, la « bouza » ou « mérissé ». Le vol, le mensonge, la fraude dans les marchés et tous les vices qui les accompagnent, font l’ornement des Darfouriens.

« En vendant et en achetant, le père qui peut tromper son fils et le fils qui peut tromper son père s’en glorifient. C’est en attestant le nom de Dieu et celui du Prophète qu’on commet les friponneries les plus atroces et qu’on prononce les mensonges les plus impudents.

« La polygamie est, comme on sait, tolérée par la religion mahométane, et les habitants du Darfour en abusent avec excès. Quand le sultan Teraub partit pour aller faire la guerre dans le Kordofan, il avait à sa suite cinq cents femmes, et il en laissa autant dans son palais. Cela peut d’abord paraître ridicule ; mais il faut songer que ces femmes étaient chargées de moudre le blé, de puiser l’eau, de préparer à manger et de faire tous les travaux du ménage pour un très grand nombre de personnes. »

La relation de Browne contient encore de très intéressantes observations médicales, des conseils sur la manière de voyager en Afrique et des détails sur les animaux, les poissons, les métaux et les plantes du Darfour. Nous ne nous y arrêtons pas, car nous n’y avons rien trouvé qui attire l’attention d’une manière spéciale.