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ce qui se passe dans le pays

pas que le pays se fût abandonné à de sérieuses inquiétudes. Et à ces inquiétudes se joignait l’impérieux besoin de savoir à quoi s’en tenir. Les journaux de la Caroline ne cessaient de signaler ce qu’ils appelaient « le Mystère du Great-Eyry ». Ils demandaient s’il n’était pas dangereux de séjourner dans un tel voisinage… Leurs articles provoquaient à la fois la curiosité et les appréhensions, curiosité de ceux qui, sans courir aucun danger, s’intéressaient aux phénomènes de la nature, appréhensions de ceux qui risquaient d’en être les victimes, si ces phénomènes menaçaient la contrée environnante. Et, pour le plus grand nombre, c’étaient les habitants des bourgades de Pleasant-Garden, de Morganton et des villages ou simples fermes assez nombreuses au pied de la chaîne des Apalaches.

Assurément, il était regrettable que les ascensionnistes n’eussent pas cherché jusqu’alors à pénétrer dans le Great-Eyry. Jamais le cadre rocheux qui l’entourait n’avait été franchi, et peut-être même n’offrait-il aucune brèche qui eût donné accès à l’intérieur.

Toutefois, le Great-Eyry n’était-il donc pas dominé par quelque hauteur peu éloignée, cône ou pic, d’où le regard aurait pu parcourir toute son étendue ?… Non, et, sur un rayon de plusieurs kilomètres, son altitude n’était point dépassée. Le mont Wellington, l’un des plus hauts du système des Alleghanys, se dressait à trop longue distance.

Cependant une reconnaissance complète de ce Great-Eyry s’imposait maintenant. Dans l’intérêt de la région, il fallait savoir s’il ne renfermait pas un cratère, si une éruption volcanique menaçait ce district occidental de la Caroline. Il convenait donc qu’une tentative fût faite pour l’atteindre et déterminer la cause des phénomènes observés.

Or, avant cette tentative, dont on savait les sérieuses difficultés, une circonstance se présenta, qui permettrait sans doute de