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maître du monde

ou les sous-marins. Nul doute que cet agent ne fût l’électricité emmagasinée à bord sous une tension extraordinaire.

Alors se posait cette question : D’où provenait-elle, cette électricité, de piles, d’accumulateurs ?… Mais comment ces accumulateurs, ces piles étaient-ils chargés ?… À quelle source intarissable la puisait-on ?… Où fonctionnait l’usine qui la fabriquait ?… À moins qu’elle ne fût directement tirée de l’air ambiant ou de l’eau ambiante par des procédés inconnus jusqu’à ce jour ?… Et je me demandais si, dans les conditions présentes, je parviendrais à découvrir ces secrets…

Puis je songeais à mes compagnons, restés là-bas sur la grève de Black-Rock. L’un d’eux blessé, les autres, Wells et Nab Walker, aussi peut-être !… En me voyant entraîné au bout de cette amarre, ont-ils pu supposer que j’eusse été recueilli à bord de l’Épouvante  ?… Non, sans doute !… La nouvelle de ma mort, M. Ward ne devait-il pas l’avoir reçue par un télégramme de Toledo ?… Et, maintenant, qui oserait entreprendre une nouvelle campagne contre ce Maître du Monde ?…

Ces diverses réflexions s’entremêlaient dans ma tête, en attendant que le capitaine parût sur le pont…

Et il ne paraissait pas !

À ce moment, voici que la faim se fit vivement sentir, justifiée par une diète prolongée pendant près de vingt-quatre heures. Je n’avais rien mangé depuis notre dernier repas, en admettant que ce repas eût été pris la veille… Et, à en croire mes tiraillements d’estomac, j’en étais à me demander si mon embarquement à bord de l’Épouvante ne remontait pas à deux jours… ou même davantage…

Heureusement, la question de savoir si on me nourrirait et comment on me nourrirait fut tranchée à l’instant.

L’homme de l’avant, après être descendu dans le poste, venait de reparaître.