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maître du monde

l’idée d’un cétacé, d’un calmar, d’un kraken, d’un animal marin, en un mot, paraissait être entièrement abandonnée. Ce jour même, les divers journaux de l’Union, s’emparant de ce fait divers et le commentant, concluaient à l’existence d’un appareil de navigation, doué de qualités supérieures au point de vue de l’évolution et de la vitesse. Tous s’accordaient à dire qu’il devait être pourvu d’un moteur électrique, sans que l’on pût imaginer à quelle source il puisait son électricité.

Mais ce que la presse n’avait pas encore fait remarquer au public — cela ne tarderait pas sans doute, — c’est une singulière coïncidence qui devait frapper l’esprit, et que me fit observer M. Ward au moment où je la constatais moi-même.

En effet, c’était seulement depuis la disparition de la fameuse automobile que le non moins fameux bateau venait de se montrer… Or, ces engins possédaient tous deux une prodigieuse puissance de locomotion… Si tous deux se montraient à nouveau, l’un sur terre, l’autre sur mer, le même danger menacerait les embarcations, les piétons, les voitures… Et alors, il faudrait bien que, par un moyen quelconque, la police intervînt pour assurer la sécurité publique sur les routes comme sur les eaux !

C’est là ce que me dit M. Ward, et ce qui était de toute évidence… Mais de quelle façon obtenir ce résultat ?…

Enfin, après une conversation, qui se prolongea quelque temps, j’allais me retirer lorsque M. Ward m’arrêta :

« Est-ce que vous n’avez pas retenu, Strock, me dit-il, qu’une bizarre ressemblance d’allure existe entre le bateau et l’automobile ?…

— Assurément, monsieur Ward !…

— Eh bien, qui sait si les deux appareils n’en font pas qu’un ?… »