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une poignée de main de cap matifou.

— Et à son fils ! ajouta le docteur.

— Pierre !… Pierre Bathory ! » balbutia Silas Toronthal.

Et il fût certainement tombé, si Cap Matifou ne l’eût irrésistiblement maintenu debout à cette place.

Ainsi, Pierre Bathory qu’il croyait mort, Pierre dont il avait vu passer le convoi, Pierre qu’on avait enseveli dans le cimetière de Raguse, Pierre était là, devant lui, comme un spectre sorti de sa tombe ! En sa présence, Silas Toronthal fut épouvanté. Il commença à comprendre qu’il ne pourrait échapper au châtiment de ses crimes… Il se sentit perdu.

« Où est Sava ? demanda brusquement le docteur.

— Ma fille ?…

— Sava n’est pas votre fille !… Sava est la fille du comte Mathias Sandorf, que Sarcany et vous avez envoyé à la mort, après l’avoir lâchement dénoncé avec ses deux compagnons, Étienne Bathory et Ladislas Zathmar ! »

Devant cette accusation si formelle, le banquier fut anéanti. Non seulement le docteur Antékirtt savait que Sava n’était pas sa fille, mais il savait qu’elle était la fille du comte Mathias Sandorf ! Il savait comment et par qui avaient été trahis les conspirateurs de Trieste ! Tout cet odieux passé se relevait contre Silas Toronthal.