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mathias sandorf.

avec Carpena, qui la connaissait, de lui laisser croire que Sarcany s’occupait de le faire évader, de lui remettre même un peu d’argent ou quelque supplément au menu ordinaire du pénitencier. Et s’il arrivait qu’un morceau de pain, un fruit fût empoisonné, qui s’inquiéterait de la mort de Carpena, qui en rechercherait les causes ?

Un coquin de moins au préside, cela n’était pas pour inquiéter outre mesure le gouverneur de Ceuta ! Alors Sarcany n’aurait plus rien à redouter de l’Espagnol, ni des tentatives du docteur Antékirtt, intéressé à connaître ses secrets.

En somme, de cet entretien il allait résulter ceci : pendant que les uns s’occuperaient de préparer l’évasion de Carpena, les autres tenteraient de la rendre impossible, en l’envoyant prématurément dans ces présides de l’autre monde, d’où l’on ne peut plus s’enfuir !

Tout étant convenu, Sarcany et Namir rentrèrent dans la ville et se séparèrent. Le soir même, Sarcany quittait l’Espagne pour rejoindre Silas Toronthal, et le lendemain, Namir, après avoir traversé la baie de Gibraltar, allait s’embarquer à Algésiras sur le paquebot qui fait régulièrement le service entre l’Europe et l’Afrique.

Or, précisément, en sortant du port, ce paquebot