Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

65
dix-sept-fois.

Et voilà pourquoi tous deux se trouvaient à Monte-Carlo depuis trois semaines, ne quittant pas les tables du cercle, essayant des martingales les plus infaillibles, s’attelant à des marches qui marchaient à rebours, étudiant la rotation du cylindre de la roulette, lorsque la main du croupier s’est fatiguée dans le dernier quart d’heure de son service, chargeant du maximum des numéros qui s’obstinaient à ne pas sortir, mariant les combinaisons simples avec les combinaisons multiples, écoutant les conseils des anciens décavés, devenus professeurs de jeu, faisant enfin toutes les tentatives imbéciles, employant toutes les « féticheries » niaises, qui peuvent classer le joueur entre l’enfant qui n’a pas sa raison et l’idiot qui l’a pour jamais perdue. Et encore, si l’on ne risquait que son argent au jeu, mais on y affaiblit son intelligence à imaginer des combinaisons absurdes, on y compromet sa dignité personnelle dans cette familiarité que la fréquentation de ce monde très mélangé impose à tous.

En résumé, à la suite de cette soirée qui allait devenir célèbre dans les fastes de Monte-Carlo, par suite de leur obstination à lutter contre une série de dix-sept rouges au trente et quarante, il ne restait plus aux deux associés qu’une somme infé-