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mathias sandorf.

conditions pour lutter contre la fortune ! C’est une femme, après tout, et elle aime les gens qui sont capables de la dominer !

— Elle nous a trahis, cependant !

— Bah !… Un simple caprice !… Et son caprice passé, elle nous reviendra ! »

Silas Toronthal ne répondit rien. Entendait-il même ce que lui disait Sarcany, tandis que ses yeux ne quittaient pas la feuille du carnet, sur lequel il avait tracé ses inutiles combinaisons ?

« Que faisiez-vous donc là ? demanda Sarcany. Des marches, des martingales ?… Diable !… Vous me paraissez bien malade, mon cher Silas !… Il n’y a pas de calculs auxquels on puisse soumettre le hasard, et c’est le hasard seul qui se prononcera pour ou contre nous aujourd’hui !

— Soit ! répondit Silas Toronthal, après avoir fermé son carnet.

— Eh ! sans doute, Silas !… Je ne connais qu’une manière de le diriger, ajouta Sarcany ironiquement. Mais, pour cela, il faut avoir fait des études spéciales… et notre éducation est incomplète sur ce point ! Donc, tenons-nous-en à la chance !… Elle a été pour la banque hier ! Il est possible qu’elle l’abandonne aujourd’hui !… Et si cela est, Silas, le jeu nous rendra tout ce qu’il nous a pris !