Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/158

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Le Portalègre mit à la voile vers huit heures du matin. Les passagers étaient au complet, hommes et éléphants. Toujours les groupements que l’on sait : maître Antifer et Zambuco, plus hypnotisés que jamais par cet îlot numéro deux, et de quel poids serait soulagée leur poitrine, lorsque le matelot de vigie le signalerait à l’horizon — Gildas Trégomain et Juhel, l’un oubliant les mers d’Afrique pour sa Manche bretonne et le port de Saint-Malo, l’autre n’ayant d’autre préoccupation que de se rafraîchir en aspirant la brise — Saouk et Barroso, causant ensemble, et pourquoi s’en fût-on étonné, puisqu’ils parlaient la même langue, et que, grâce à leur rencontre, le boutre avait été mis à la disposition de maître Antifer.

Quant à l’équipage, il se composait d’une douzaine de gaillards plus ou moins portugais, d’aspect assez rébarbatif. Si l’oncle absorbé dans ses pensées, ne l’observa pas, le neveu en fit la remarque et communiqua son impression au gabarier. Celui-ci répondit que, par de telles températures, il est téméraire de juger les gens sur la mine. Après tout, il ne faut pas être exigeant, quand il s’agit de l’équipage d’une embarcation africaine.