Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/283

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Évidemment, si l’on avait pu affréter à Leith un navire pour le Spitzberg, cela eût fait gagner du temps ; mais l’occasion ne s’était pas présentée.

Du reste, la patience de maître Antifer, plus que jamais obsédé par l’image de Saouk, ne fut pas mise à une trop rude épreuve en ce port. Le paquebot qui fait le service du cap Nord était attendu pour le surlendemain. Toutefois, ces trente-six heures lui parurent ultra-longues, ainsi qu’au banquier Zambuco. Ni l’un ni l’autre ne consentirent à quitter leur chambre de l’Hôtel de Scandinavie. D’ailleurs, il pleuvait, car, paraît-il, la pluie tombe trois jours sur trois à Bergen, qui occupe le fond d’une sorte de large cuvette, formée par les montagnes environnantes. Les Bergennois y sont faits.

Cela n’empêcha point le gabarier et Juhel d’employer leurs loisirs à parcourir la ville. Maître Antifer, entièrement guéri de sa fièvre, ne leur avait pas imposé de demeurer près de lui. À quoi bon ? Pour ce concert de malédictions dont ils chargeraient ce misérable Saouk, qui les précédait sur le chemin du trésor, les deux colégataires se suffisaient…