Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/33

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Lorsqu’on apporte à un particulier cinquante millions, il y a gros à parier que l’on sera bien reçu.

Après une demi-heure de marche, le quartier des Maltais fut atteint. Ce n’est pas le plus propre de cette ville de cent cinquante mille âmes, qui ne brille guère par excès de propreté, surtout en sa partie ancienne. À cette époque, d’ailleurs, le protectorat français ne lui avait pas encore imposé le drapeau de la France.

À l’extrémité d’une rue, ou plutôt d’une ruelle de ce quartier commerçant, le guide s’arrêta devant une maison de médiocre apparence. Bâtie sur le modèle de toutes les habitations tunisiennes, elle présentait un gros bloc carré, avec terrasse, sans fenêtres extérieures, et une cour, un de ces « patios » à la mode arabe, autour duquel les chambres prennent jour.

L’aspect de cette maison ne donna pas à maître Antifer l’idée que son propriétaire fût à même de nager — il disait : tirer sa coupe — dans l’opulence. Et il pensa que cela valait mieux pour assurer la réussite de ses projets.