Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/333

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une dernière expédition qui lui eût permis de mettre la main sur ces millions tant cherchés !

Gildas Trégomain, Nanon, Énogate et Juhel n’en revenaient point. À chaque instant, ils s’attendaient à ce que maître Antifer leur criât « en route ! » et il ne le criait pas !…

« Qu’a-t-il ? demandait Nanon.

— On nous l’a changé ! répondait Juhel.

— C’est peut-être la peur d’épouser Mlle Talisma Zambuco ! faisait observer le gabarier. N’importe… Il n’est pas possible de laisser perdre tant de millions ! »

Bref, revirement absolu dans les idées de notre Malouin, et c’était maintenant Gildas Trégomain qui « jouait les Antifer ! » C’était lui que tourmentait à son tour l’appétit de l’or ! Il était logique, d’ailleurs. Comment, alors qu’on ne savait pas si on trouverait un îlot, on courait à sa recherche, et depuis que le gisement était connu, il n’était plus question de se mettre en route ?…

Le gabarier en parlait sans cesse à Juhel.

« À quoi bon ! » répondait le jeune capitaine.

Il en parlait à Nanon.

« Bah ! laissez donc ce trésor où il est ! »

Il en parlait à Énogate.