Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’esprit, ce fut en ce moment. Aussi Juhel et lui se trouvèrent-ils tacitement d’accord de ne point le contrarier, quoi qu’il pût dire. Avec le temps cet esprit déséquilibré reviendrait à une saine entente de la situation. Il reprit enfin la parole, hachant ses phrases d’onomatopées furibondes :

« Cent millions… perdus par l’entêtement de ce coquin !… Est-ce qu’il ne mériterait pas d’être guillotiné… pendu… fusillé… poignardé… empoisonné… empalé tout à la fois !… Il se refuse à me donner sa latitude si je n’épouse pas… Épouser cette guenon maltaise… dont ne voudrait pas un singe de la Sénégambie !… Me voyez-vous le mari de cette demoiselle Talisma ? »

Certes non ! ses amis ne le voyaient pas, et l’introduction d’une pareille belle-sœur et tante au sein de l’honorable famille des Antifer, ç’eût été une de ces invraisemblables éventualités que personne n’eût voulu admettre.

« Dis donc… gabarier ?…

— Mon ami ?

— Est-ce que quelqu’un a le droit de laisser cent millions cachés au fond d’un trou, quand il n’aurait qu’un pas à faire pour les en retirer ?