Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/71

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voix haletante, et ces mots s’entrechoquaient dans sa bouche :

« Millions… millions… millions ! »

Le gabarier fit de la main ce geste qui indique qu’on a le cerveau en complet détraquement. Puis, tous deux, se souhaitant la bonne nuit, se séparèrent très inquiets.

Le lendemain, Gildas Trégomain et Juhel se levèrent au petit jour. Le devoir ne leur commandait-il pas d’aller retrouver maître Antifer, d’examiner une dernière fois la situation telle qu’elle résultait du refus de Zambuco, de prendre enfin une détermination sans retard ? Et cette détermination, ne devait-elle pas aboutir au projet suivant : boucler ses malles et quitter Tunis ? Or, d’après les informations obtenues par le jeune capitaine, le paquebot, qui avait fait escale à la Goulette, devait appareiller le soir même pour Marseille. Qu’est-ce que Juhel n’aurait pas donné pour que son oncle fût déjà à bord, enfermé dans sa cabine, et à quelque vingtaine de milles du littoral africain !

Le gabarier et lui suivirent le couloir qui menait à la chambre de maître Antifer.

Ils frappèrent à la porte.