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mistress branican.

« Comment se fait-il que Jane ne m’ait pas écrit une seule fois ? demanda-t-elle.

— Ma chère Dolly… vous étiez déjà bien malade, lorsque M. Burker et sa femme sont partis de San-Diégo…

— En effet, monsieur Andrew, et pourquoi écrire à qui ne sait plus comprendre !… Chère Jane, elle est à plaindre !… La vie aura été dure pour elle !… J’ai toujours craint que Len Burker se lançât dans quelque spéculation qui tournerait mal !… Peut-être John le craignait-il aussi !

— Et cependant, répondit M. William Andrew, personne ne s’attendait à un si fâcheux dénouement…

— Est-ce donc à la suite de mauvaises affaires que Len Burker a quitté San-Diégo ?… » demanda vivement Dolly.

Et elle regardait M. William Andrew, dont l’embarras n’était que trop visible.

« Monsieur Andrew, reprit-elle, parlez !… Ne me laissez rien ignorer !… Je désire tout savoir !…

— Eh bien, Dolly, je ne veux point vous cacher un malheur que vous ne tarderiez pas à connaître !… Oui ! dans ces derniers temps, la situation de Len Burker s’est aggravée… Il n’a pu faire face à ses engagements… Des réclamations se sont élevées… Menacé d’être mis en état d’arrestation, il a dû prendre la fuite…

— Et Jane l’a suivi ?…

— Il a certainement dû l’y contraindre, et, vous le savez, elle était sans volonté devant lui…

— Pauvre Jane !… Pauvre Jane ! murmura Mrs. Branican. Que je la plains, et si j’avais été à même de lui venir en aide…

— Vous l’auriez pu ! dit M. William Andrew. Oui… vous auriez pu sauver Len Burker, sinon pour lui, qui ne mérite aucune sympathie, du moins pour sa femme…

— Et John eût approuvé, j’en suis sûre, l’emploi que j’aurais fait de notre modeste fortune ! »

M. William Andrew se garda bien de répondre que le patrimoine