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l’île browse.

les talus du morne, et marchèrent vers le promontoire qui se projetait dans la direction du nord. Mais, à peine avaient-ils avancé que l’un des hommes s’arrêtait, pour ramasser un objet que son pied venait de heurter.

« Tiens, qu’est-ce que cela ?… dit-il.

— Donne ! » répondit Zach Fren.

C’était une lame de coutelas, du genre de ceux que les marins portent à leur ceinture, engainé dans un fourreau de cuir. Brisée au ras du manche, tout ébréchée, cette lame avait été jetée sans doute comme étant hors d’usage.

« Eh bien, maître ?… demanda le capitaine Ellis.

— Je cherche quelque marque qui indique la provenance de cette lame, » répondit Zach Fren.

Il était à croire, en effet, qu’elle portait une marque de fabrication. Mais elle était tellement oxydée qu’il fallut d’abord en gratter l’épaisse rouille.

C’est ce que fit Zach Fren, et il put alors, non sans un peu de difficulté, déchiffrer ces mots gravés sur l’acier : Sheffield-England.

Ainsi ce coutelas était d’origine anglaise. Mais, affirmer de là que les naufragés de l’île Browse étaient anglais, c’eût été se montrer trop affirmatif. Pourquoi cet ustensile n’aurait il pas appartenu à un matelot d’une nationalité différente, puisque les produits de la manufacture de Sheffield sont répandus dans le monde entier ? Si l’on trouvait d’autres objets, cette hypothèse pourrait se changer en certitude.

Le capitaine Ellis et ses compagnons continuèrent à se diriger vers le promontoire. Sur ce sol, que ne sillonnait aucun sentier, la marche fut assez pénible. En admettant qu’il eût été foulé par le pied des hommes, cela remontait à une époque difficile à déterminer, puisque toute empreinte avait disparu sous l’herbe et les mousses.

Après un parcours de deux milles environ, le capitaine Ellis s’arrêta près d’un bouquet de cocotiers, de pauvre venue, et dont