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mistress branican.

elle traverse le Cabanna-creek. Mais, ce qui est très simple pour des fils aériens tendus d’un poteau à l’autre, est plus difficile à une troupe de piétons et de cavaliers. Il fut nécessaire de chercher un passage guéable. Le jeune novice ne voulut point laisser à d’autres le soin de le découvrir. S’étant jeté résolument dans la rivière, rapide, tumultueuse, il trouva un haut-fond, qui permit aux chariots et aux voitures de se transporter sur la rive gauche, sans être mouillés au delà du heurtequin de leurs roues.

Le 17, la caravane vint camper sur les dernières ramifications du massif de ce mont North-West, qui se dresse à une dizaine de milles au sud.

Le pays étant habité, Mrs. Branican et ses compagnons reçurent le meilleur accueil dans une de ces vastes fermes, dont la superficie, mise en œuvre, comprend plusieurs milliers d’acres[1]. L’élevage des moutons en troupeaux innombrables, la culture du blé établie sur de larges plaines sans arbres, d’importantes cultures de sorgho et de millet, de vastes jachères préparées pour les semences de la saison prochaine, des bois pratiquement aménagés, des plantations d’oliviers et autres essences spéciales à ces chaudes latitudes, plusieurs centaines d’animaux de labour et de trait, le personnel exigé par les soins de telles exploitations, — personnel soumis à une discipline quasi militaire et dont les prescriptions réduisent l’homme presque à l’esclavage, — voilà ce que sont ces domaines, qui constituent la fortune des provinces du continent australien. Si la caravane de Mrs. Branican n’eût été suffisamment approvisionnée au départ, elle aurait trouvé là de quoi satisfaire à tous ses besoins, grâce à la générosité des riches fermiers, des « free-selecters », propriétaires de ces stations agricoles.

Du reste, ces grands établissements industriels tendent à se multiplier. D’immenses étendues, que l’absence d’eau rendait improductives, vont être livrées à la culture. En effet, le sous-sol des ter-

  1. L’acre vaut 51 ares 29 centiares.