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mistress branican.

c’est en vain qu’on les chercherait au milieu du désert australien.

Telle est l’observation consignée du journal de Mrs. Branican, dont quelques extraits vont encore être reproduits. Mieux que la plus précise description, ils sont de nature à faire connaître le pays, à montrer dans toute leur horreur les épreuves réservées aux audacieux qui s’y aventurent. Ils permettront aussi d’apprécier la force morale, l’indomptable énergie de leur auteur, son intraitable résolution d’atteindre le but, au prix de n’importe quels sacrifices.

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30 décembre. — Il faut séjourner quarante-huit heures à Waterloo-Spring. Ces retards me désolent, quand je songe à la distance qui nous sépare encore de la vallée où coule la Fitz-Roy. Et sait-on s’il ne sera pas nécessaire de chercher au delà de cette vallée la tribu des Indas ? Depuis le jour où Harry Felton l’a quitté, quelle a été l’existence de mon pauvre John ?… Les indigènes ne se seront-ils pas vengés sur lui de la fuite de son compagnon ?… Il ne faut pas que je pense à cela… Cette pensée me tuerait !

Zach Fren essaie de me rassurer.

« Puisque, durant tant d’années, le capitaine John et Harry Felton ont été les prisonniers de ces Indas, me dit-il, c’est que ceux-ci avaient intérêt à les conserver. Harry Felton vous l’a fait comprendre, mistress. Ces indigènes ont reconnu dans le capitaine un chef blanc de grande valeur et ils attendent toujours l’occasion de le rendre contre une rançon proportionnée à son importance. À mon sens, la fuite de son compagnon ne doit pas avoir empiré la situation du capitaine John. »

Dieu veuille qu’il en soit ainsi !

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31 décembre. — Aujourd’hui s’est achevée cette année 1890. Il y a quinze ans, le Franklin partait du port de San-Diégo… Quinze ans !… Et c’est depuis quatre mois et cinq jours seulement que notre