Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
389
derniers efforts.

les deux hommes dévorés par la fièvre ? C’était le dénuement absolu, au milieu d’une contrée qui n’offrait aucune ressource.

Aux premières lueurs de l’aube, Mrs. Branican rassembla son personnel. Cette vaillante femme n’avait rien perdu de son énergie, vraiment surhumaine, et, par ses paroles encourageantes, elle parvint à ranimer ses compagnons. Ce qu’elle leur fit voir, c’était le but si près d’être atteint.

Le voyage fut repris et dans des conditions tellement pénibles que le plus confiant des hommes n’aurait pu espérer de le mener à bonne fin. Des quatre chameaux qui restaient, deux avaient dû être réservés aux malades qu’on ne pouvait abandonner à Joanna-Spring, une de ces stations inhabitées comme le colonel Warburton en signale plusieurs sur son itinéraire. Mais ces pauvres gens auraient-ils la force de supporter le transport jusqu’à la Fitz-Roy, d’où il serait peut-être possible de les expédier à quelque établissement de la côte ?… C’était douteux, et le cœur de Mrs. Branican se brisait à l’idée que deux nouvelles victimes s’ajouteraient à celles que comptait déjà la catastrophe du Franklin ?…

Et pourtant Dolly ne renoncerait pas à ses projets ! Non ! elle ne suspendrait pas ses recherches ! Rien ne l’arrêterait dans l’accomplissement de son devoir, — dût-elle rester seule !

En quittant la rive droite de l’Okaover-creek, dont le lit avait été passé à gué un mille en amont de Joanna-Spring, la caravane se dirigea au nord-nord-est. À prendre cette direction, Tom Marix espérait rejoindre la Fitz-Roy, au point le plus rapproché de la courbe irrégulière qu’elle trace, avant de s’infléchir vers le Golfe du Roi.

La chaleur était plus supportable. Il avait fallu les plus vives instances, — presque des injonctions, — de la part de Tom Marix et de Zach Fren, pour que Dolly acceptât un des chameaux comme bête de selle. Godfrey et Zach Fren ne cessaient de marcher d’un bon pas. Pareillement Jos Meritt, dont les longues jambes avaient la rigidité d’une paire d’échasses. Et, lorsque Mrs. Branican lui offrait de prendre sa monture, il déclinait l’offre, disant :