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éventualités diverses.

sance de la mort d’Edward Starter et des biens considérables qu’il laissait, il est impossible de le dire.

M. William Andrew, administrateur des biens de Dolly, prit le parti d’aliéner les terres du Tennessee, fermes, forêts et prairies, qu’il eût été difficile de gérer à de telles distances. Nombre d’acquéreurs se présentèrent, et les ventes furent faites dans d’excellentes conditions. Les sommes qui en provinrent, converties en valeurs de premier choix, jointes à celles qui formaient une part importante de l’héritage d’Edward Starter, furent déposées dans les caisses de la Consolidated National Bank de San-Diégo. L’entretien de Mrs. Branican dans la maison du docteur Brumley ne devait absorber qu’une très faible part des revenus dont elle allait être créditée annuellement, et leur accumulation finirait par lui constituer l’une des plus grosses fortunes de la basse Californie.

D’ailleurs, malgré ce changement de situation, il ne fut point question de retirer Mrs. Branican de la maison du docteur Brumley. M. William Andrew ne le jugea pas nécessaire. Cette maison lui offrait tout le confort et aussi tous les soins que ses amis pouvaient désirer. Elle y resta donc, et là, sans doute, s’achèverait cette misérable, cette vaine existence, à laquelle il semblait que l’avenir réservait toutes les chances de bonheur !

Mais si le temps marchait, le souvenir des épreuves qui avaient accablé la famille Branican était toujours aussi vivace à San-Diégo, et la sympathie que Dolly inspirait aussi sincère, aussi profonde qu’au premier jour.

L’année 1879 commença, et tous ceux qui croyaient qu’elle s’écoulerait comme les autres, sans amener aucun changement dans cette situation, se trompaient absolument.

En effet, pendant les premiers mois de l’année nouvelle, le docteur Brumley et les médecins attachés à sa maison furent vivement frappés des modifications que présentait l’état moral de Mrs. Branican. Ce calme désespérant, cette indifférence apathique qu’elle montrait pour tous les détails de la vie matérielle, faisaient graduellement