Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
nord contre sud.

de la crique Marino. La jeune fille avait reconnu le misérable Espagnol. On ne pouvait donc mettre en doute qu’il fût l’auteur de l’enlèvement auquel il avait présidé en personne.

C’était Texar, en effet, accompagné d’une demi-douzaine de gens à lui, ses complices.

De longue main, l’Espagnol avait préparé cette expédition qui devait entraîner la dévastation de Camdless-Bay, le pillage de Castle-House, la ruine de la famille Burbank, la capture ou la mort de son chef. C’est dans ce but qu’il venait de lancer ses hordes de pillards sur la plantation. Mais il ne s’était pas mis à leur tête, laissant aux plus forcenés de ses partisans le soin de les diriger. Ainsi s’expliquera-t-on que John Bruce, mêlé à la bande des assaillants, eût pu affirmer à James Burbank que Texar ne se trouvait pas avec eux.

Pour le rencontrer, il eût fallu venir à la crique Marino, que le tunnel mettait en communication avec Castle-House. Dans le cas où l’habitation eût été forcée, c’est par là que ses derniers défenseurs auraient essayé de battre en retraite. Texar connaissait l’existence de ce tunnel. Aussi, montant une embarcation de Jacksonville, qu’une autre embarcation suivait avec Squambô et deux de ses esclaves, était-il venu surveiller cet endroit, tout indiqué pour la fuite de James Burbank. Il ne s’était pas trompé. Il le comprit bien, lorsqu’il vit un des canots de Camdless-Bay stationner derrière les roseaux de la crique. Les noirs qui le gardaient furent surpris, attaqués, égorgés. Il n’y eut plus qu’à attendre. Bientôt Zermah se présenta, accompagnée de la petite fille. Aux cris que la métisse fit entendre, l’Espagnol, craignant qu’on ne vînt à son secours, la fit aussitôt jeter dans les bras de Squambô. Et, lorsque Mme Burbank et miss Alice parurent sur la berge, ce ne fut qu’au moment où la métisse était emportée au milieu du fleuve dans l’embarcation de l’Indien.

On sait le reste.

Toutefois, le rapt accompli, Texar n’avait pas jugé à propos de rejoindre Squambô.

Cet homme, qui lui était entièrement dévoué, savait en quel impénétrable