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nord contre sud.

que nous avons dû aller à Jacksonville… enfin tout ce qu’il faudra pour rassurer Mme Burbank, mais rien qui puisse lui faire soupçonner les dangers que courent son mari et son fils… Perry, faites disposer une embarcation ! »

Le régisseur se retira aussitôt, laissant M. Stannard à ses préparatifs de départ.

Cependant il était préférable que miss Alice ne quittât pas Castle-House, sans avoir appris à Mme Burbank que son père et elle étaient obligés de se rendre à Jacksonville. Au besoin, elle ne devrait pas hésiter à dire que le parti de Texar avait été renversé… que les fédéraux étaient maîtres du cours du fleuve… que, demain, Gilbert serait à Camdless-Bay… Mais la jeune fille aurait-elle la force de ne point se troubler, sa voix ne la trahirait-elle pas, quand elle affirmerait ces faits dont la réalisation semblait impossible maintenant ?

Lorsqu’elle arriva dans la chambre de la malade, Mme Burbank dormait, ou plutôt était plongée dans une sorte d’assoupissement douloureux, une torpeur profonde, dont miss Alice n’eut pas le courage de la tirer. Peut-être cela valait-il mieux que la jeune fille fût ainsi dispensée de la rassurer par ses paroles.

Une des femmes de l’habitation veillait près du lit. Miss Alice lui recommanda de ne pas s’absenter un seul instant, et de s’adresser à M. Carrol pour répondre aux questions que Mme Burbank pourrait lui faire. Puis, elle se pencha sur le front de la malheureuse mère, l’effleura de ses lèvres, et quitta la chambre, afin de rejoindre M. Stannard.

Dès qu’elle l’aperçut :

« Partons, mon père », dit-elle.

Tous deux sortirent du hall, après avoir serré la main d’Edward Carrol.

Au milieu de l’allée de bambous qui conduit au petit port, ils rencontrèrent le régisseur.

« L’embarcation est prête, dit Perry.

— Bien, répondit M. Stannard. Veillez avec grand soin sur Castle-House, mon ami.