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nord contre sud.

d’après le rapport de vos marins, mon capitaine. Soit ! Mais, ce qui est certain, c’est qu’il est maintenant aux Everglades. Or, dans quarante-huit heures, nous pouvons l’avoir atteint !

— Oui, Gilbert, répondit le capitaine Howick, et, que ce soit pour le rapt ou pour le guet-apens, si l’on fusille ce misérable, je le tiendrai pour justement fusillé ! En route ! »

Le fait n’en était pas moins absolument incompréhensible, comme tant d’autres qui se rapportaient à la vie privée de Texar. Il y avait encore là quelque inexplicable alibi, et on eût dit que l’Espagnol possédait véritablement le pouvoir de se dédoubler.

Ce mystère s’éclaircirait-il ? on ne pouvait l’affirmer. Quoi qu’il en soit, il fallait s’emparer de Texar, et c’est à cela qu’allaient tendre les marins du capitaine Howick réunis aux compagnons de James Burbank.


XI

les everglades


Une région à la fois horrible et superbe, ces Everglades. Situées dans la partie méridionale de la Floride, elles se prolongent jusqu’au cap Sable, dernière pointe de la péninsule. Cette région, à vrai dire, n’est qu’un immense marais presque au niveau de l’Atlantique. Les eaux de la mer l’inondent par grandes masses, lorsque les tempêtes de l’Océan ou du golfe du Mexique les y précipitent, et elles restent mélangées avec les eaux du ciel que la saison hivernale déverse en épaisses cataractes. De là, une contrée, moitié liquide, moitié solide, dont l’habitabilité est presque impossible.

Pour ceinture, ces eaux ont des cadres de sable blanc, qui en accusent vivement la couleur sombre, miroirs multiples où se réfléchit seulement