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nord contre sud.

=fin, et, dans ce cas, le fleuve tout entier serait rendu à la circulation des confédérés !

— Que veux-tu dire ?

— Le bruit court que Dupont a l’intention d’abandonner la Floride, en n’y laissant que deux ou trois navires pour le blocus des côtes !

— Serait-il possible ?

— Je te répète qu’il en est question, et, si cela est, Saint-Augustine sera bientôt évacuée.

— Et Jacksonville ?…

— Jacksonville également.

— Mille diables ! Je pourrais donc y revenir, reformer notre Comité, reprendre la place que les fédéraux m’ont fait perdre ! Ah ! maudits nordistes, que le pouvoir me revienne, et l’on verra comment j’en userai !…

— Bien dit !

— Et si James Burbank, si sa famille, n’ont pas encore quitté Camdless-Bay, si la fuite ne les a pas soustraits à ma vengeance, ils ne m’échapperont plus !

— Et je t’approuve ! Tout ce que tu as souffert par cette famille, je l’ai souffert comme toi ! Ce que tu veux, je le veux aussi. Ce que tu hais, je le hais ! Tous deux, nous ne faisons qu’un…

— Oui !… un ! » répondit Texar.

La conversation fut interrompue un instant. Le choc des verres apprit à Zermah que l’Espagnol et « l’autre » buvaient ensemble.

Zermah était atterrée. À les entendre, il semblait que ces deux hommes eussent une part égale dans tous les crimes commis dernièrement en Floride, et plus particulièrement contre la famille Burbank. Elle le comprit bien davantage, en les écoutant pendant une demi-heure encore. Elle connut alors quelques détails de cette vie étrange de l’Espagnol. Et toujours la même voix qui faisait les demandes et les réponses, comme si Texar eût été seul à parler dans la chambre. Il y avait là un mystère que la métisse aurait eu le plus grand intérêt à découvrir. Mais, si ces misérables se fussent doutés que Zermah venait de surprendre une partie de leurs secrets, auraient-ils hésité