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XIV


dans lequel l’albatros fait ce qu’on ne pourra peut-être jamais faire.


On était, le lendemain, au 24 juillet. Or, le 24 juillet de l’hémisphère austral, c’est le 24 janvier de l’hémisphère boréal. De plus, le cinquante-sixième degré de latitude venait d’être laissé en arrière, et ce degré correspond au parallèle qui, dans le nord de l’Europe, traverse l’Écosse à la hauteur d’Édimbourg.

Aussi le thermomètre se tenait-il constamment dans une moyenne inférieure à zéro. Il avait donc fallu demander un peu de chaleur artificielle aux appareils destinés à chauffer les roufles de l’aéronef.

Il va sans dire également que, si la durée des jours tendait à s’accroître depuis le solstice du 21 juin de l’hiver austral, cette durée diminuait dans une proportion bien plus considérable, par ce fait que l’Albatros descendait vers les régions polaires.

En conséquence, peu de clarté, au-dessus de cette partie du Pacifique méridional qui confine au cercle antarctique. Donc, peu de vue, et, avec la nuit, un froid parfois très vif. Pour y résister, il fallait se vêtir à la mode des Esquimaux ou des Fuégiens. Aussi, comme ces accoutrements ne manquaient point à bord, les deux collègues, bien empaquetés, purent-ils rester sur la plate-forme, ne songeant qu’à leur projet, ne cherchant que l’occasion de l’exécuter. Du reste, ils voyaient peu Robur, et, depuis les menaces échangées de part et d’autre dans le pays de Tombouctou, l’ingénieur et eux ne se parlaient plus.

Quant à Frycollin, il ne sortait guère de la cuisine où François Tapage lui accordait une très généreuse hospitalité, ― à la condition qu’il fît l’office