Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

eût été asphyxié par la rapidité même de la chute. Mais, s’ils avaient pu échapper à l’asphyxie, comment lui et les siens ne s’étaient-ils pas noyés dans les eaux du Pacifique ?

C’est que les débris de sa plate-forme, les ailes des propulseurs, les cloisons des roufles, tout ce qui restait de l’Albatros, constituait une épave. Si l’oiseau blessé était tombé dans les flots, ses ailes le soutinrent encore sur les lames. Pendant quelques heures, Robur et ses hommes restèrent d’abord sur cette épave, puis, dans le canot de caoutchouc qu’ils avaient retrouvé à la surface de l’Océan.

La Providence, pour ceux qui croient à l’intervention divine dans les choses humaines, ― le hasard, pour ceux qui ont la faiblesse de ne pas croire à la Providence, ― vint au secours des naufragés.

Un navire les aperçut, quelques heures après le lever du soleil. Ce navire mit une embarcation à la mer. Il recueillit non seulement Robur et ses compagnons, mais aussi les débris flottants de l’aéronef. L’ingénieur se contenta de dire que son bâtiment avait péri dans une collision, et son incognito fut respecté.

Ce navire était un trois-mâts anglais, le Two Friends, de Liverpool. Il se dirigeait vers Melbourne, où il arriva quelques jours après.

On était en Australie, mais encore loin de l’île X, à laquelle il fallait revenir au plus tôt.

Dans les débris du roufle de l’arrière, l’ingénieur avait pu retrouver une somme assez considérable, qui lui permit de subvenir à tous les besoins de ses compagnons, sans rien demander à personne. Peu de temps après son arrivée à Melbourne, il fit l’acquisition d’une petite goëlette d’une centaine de tonneaux, et ce fut ainsi que Robur, qui se connaissait en marine, regagna l’île X.

Et alors il n’eut plus qu’une idée fixe, une obsession : se venger. Mais, pour se venger, il fallait refaire un second Albatros. Besogne facile, après tout, pour celui qui avait construit le premier. On utilisa ce qui pouvait servir de l’ancien aéronef, ses propulseurs, entre autres engins, qui avaient été embarqués avec tous les débris sur la goëlette. On refit le mécanisme avec de nouvelles piles