Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/78

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propulseurs, remis en marche, l’entraînèrent avec une rapidité plus grande vers le sud-ouest.

« Maintenant, messieurs, si c’est cela que vous vous demandiez, dit l’ingénieur, vous pourrez vous répondre. »

Puis, se penchant au-dessus de la rambarde, il resta absorbé dans sa contemplation.

Lorsqu’il releva la tête, le président et le secrétaire du Weldon-Institute étaient devant lui.

« Ingénieur Robur, dit Uncle Prudent, qui essayait en vain de se maîtriser, nous ne nous sommes rien demandé de ce que vous paraissez croire. Mais nous vous ferons une question à laquelle nous comptons que vous voudrez bien répondre.

― Parlez.

― De quel droit nous avez-vous attaqués à Philadelphie, dans le parc de Fairmont ? De quel droit nous avez-vous enfermés dans cette cellule ? De quel droit nous emportez-vous, contre notre gré, à bord de cette machine volante ?

― Et de quel droit, messieurs les ballonistes, repartit Robur, de quel droit m’avez-vous insulté, hué, menacé, dans votre club, au point que je m’étonne d’en être sorti vivant ?

― Interroger n’est pas répondre, reprit Phil Evans, et je vous répète : de quel droit ?…

― Vous voulez le savoir ?…

― S’il vous plaît.

― Eh bien, du droit du plus fort !

― C’est cynique !

― Mais cela est !

― Et pendant combien de temps, citoyen ingénieur, demanda Uncle Prudent, qui éclata à la fin, pendant combien de temps avez-vous la prétention d’exercer ce droit ?

― Comment, messieurs, répondit ironiquement Robur, comment pouvez-vous me faire une question pareille, quand vous n’avez qu’à baisser vos regards pour jouir d’un spectacle sans pareil au monde ! »