Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sud-ouest une vitesse plus accélérée qui ne laissa pas d’être très sensible, puisqu’elle dépassait celle du vent.

Bientôt l’aéronef s’envola au-dessus des régions du Nevada et de son territoire argentifère, que la Sierra seule sépare des placers aurifères de la Californie.

« Décidément, dit Phil Evans, nous devons nous attendre à voir San-Francisco avant la nuit !

― Et après ?… » répondit Uncle Prudent.

Il était six heures du soir, lorsque la Sierra Nevada fut franchie précisément par le col de Truckie qui sert de passe au railway. Il ne restait plus que trois cents kilomètres à parcourir pour atteindre, sinon San-Francisco, du moins Sacramento, la capitale de l’État californien.

Telle fut alors la rapidité imprimée à l’Albatros, que, avant huit heures, le dôme du Capitole pointait à l’horizon de l’ouest pour disparaître bientôt à l’horizon opposé.

En cet instant, Robur se montra sur la plate-forme. Les deux collègues allèrent à lui.

« Ingénieur Robur, dit Uncle Prudent, nous voilà aux confins de l’Amérique ! Nous pensons que cette plaisanterie va cesser…

― Je ne plaisante jamais, » répondit Robur.

Il fit un signe. L’Albatros s’abaissa rapidement vers le sol ; mais, en même temps, il prit une telle vitesse qu’il fallut se réfugier dans les roufles.

À peine la porte de leur cabine s’était-elle refermée sur les deux collègues :

« Un peu plus, je l’étranglais ! dit Uncle Prudent.

— Il faudra tenter de fuir ! répondit Phil Evans.

― Oui !… coûte que coûte ! »

Un long murmure arriva alors jusqu’à eux.

C’était le grondement de la mer qui se brisait sur les roches du littoral. C’était l’océan Pacifique.