Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
le numéro 9672.

Tous deux reprirent alors le chemin de l’auberge. Mais il s’était mis à pleuvoir, et même la rafale devint si violente qu’ils durent se réfugier dans la hutte du passeur, à quelques centaines de pas en arrière des rives du Maan.

Là, il fallait attendre qu’il se fît quelque accalmie. Et alors Joël éprouva le besoin de parler, de parler quand même. Le silence lui semblait plus désespérant que ce qu’il pourrait dire, quand même ce ne seraient pas des paroles d’espoir.

« Et notre mère ? dit-il.

– Toujours de plus en plus triste ! répondit Hulda.

– Il n’est venu personne en mon absence ?

– Si, un voyageur, qui est reparti.

– Ainsi, il n’y a en ce moment aucun touriste à l’auberge, et on n’a pas fait demander de guide ?

– Non, Joël.

– Tant mieux, car je préfère ne pas te quitter. D’ailleurs, si le mauvais temps continue, je crains bien que, cette année, les touristes renoncent à courir le Telemark !

– Nous ne sommes encore qu’en avril, frère !

– Sans doute, mais j’ai le pressentiment que la saison ne sera pas bonne pour nous ! Enfin, nous verrons ! Mais dis-moi, c’est hier que ce voyageur a quitté Dal ?

– Oui, dans la matinée.

– Et qui était-ce ?

– Un homme venu de Drammen, où il demeure, paraît-il, et qui se nomme Sandgoïst.

– Sandgoïst ?

– Le connaîtrais-tu ?

– Non, » répondit Joël.

Hulda s’était déjà demandé si elle raconterait à son frère tout ce qui s’était passé à l’auberge en son absence. Lorsque Joël apprendrait avec quel sans-gêne cet homme s’était conduit, comment il semblait avoir calculé la