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TERRE ! TERRE !

Non ! sa vaillante nature résistait à tout. Peut-être payerait-il cher un jour cette période d’épreuves ! Mais ce n’était pas le moment de se laisser abattre. Dick Sand s’était dit tout cela, et Mrs Weldon le trouva aussi énergique qu’il l’avait jamais été.

Et puis, il avait confiance, ce brave Sand, et si la confiance ne se commande pas, du moins, elle commande.

« Dick, mon cher enfant, mon capitaine ! dit Mrs Weldon en tendant la main au jeune novice.

— Ah ! mistress Weldon, s’écria Dick Sand en souriant, vous lui désobéissez à votre capitaine ! Vous revenez sur le pont, vous quittez votre cabine malgré ses… prières !

— Oui, je te désobéis, répondit Mrs Weldon ; mais j’ai comme un pressentiment que la tempête se calme ou va se calmer !

— Elle se calme, en effet, mistress Weldon, répondit le novice. Vous ne vous trompez pas ! Le baromètre n’a pas baissé depuis hier. Le vent a molli, et j’ai lieu de croire que nos plus dures épreuves sont passées.

— Le Ciel t’entende, Dick ! Ah ! tu as bien souffert, mon pauvre enfant ! Tu as fait là…

— Mon strict devoir, mistress Weldon.

— Mais vas-tu pouvoir enfin prendre quelque repos ?

— Du repos ! répondit le novice. Je n’ai pas besoin de repos, mistress Weldon ! Je me porte bien, Dieu merci, et il faut que j’aille jusqu’au bout ! Vous m’avez nommé capitaine, et je resterai capitaine jusqu’au moment où tous les passagers du Pilgrim seront en sûreté.

— Dick, reprit Mrs Weldon, mon mari et moi, nous n’oublierons jamais ce que tu viens de faire.

— Dieu a tout fait, répondit Dick Sand, tout !

— Mon enfant, je te répète que, par ton énergie morale et physique, tu t’es montré un homme, un homme digne de commander, et avant peu, aussitôt que tes études seront achevées, — mon mari ne me démentira pas, — tu commanderas pour la maison James-W. Weldon !

— Moi… moi !… s’écria Dick Sand, dont les yeux se voilèrent de larmes.

— Dick ! répondit Mrs Weldon, tu étais déjà notre enfant d’adoption, et maintenant, tu es notre fils, le sauveur de ta mère et de ton petit frère Jack ! Mon cher Dick, je t’embrasse pour mon mari et pour moi ! »

La courageuse femme aurait voulu ne pas s’attendrir en pressant le jeune novice dans ses bras, mais son cœur débordait. Quant aux sentiments qu’éprou-