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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

à la rupture de la roche. Çà et là, quelques pentes douces donnaient accès jusqu’à sa crête.

Dans le nord, à un quart de mille du lieu d’échouage, se creusait l’embouchure d’une petite rivière, qui n’avait pu être aperçue du large. Sur ses rives se penchaient de nombreux « rhizophores », sortes de mangliers essentiellement distincts de leurs congénères de l’Inde.

La crête de la falaise, — ceci fut bientôt reconnu, — était dominée par une épaisse forêt, dont les masses verdoyantes ondulaient sous le regard et s’étendaient jusqu’aux montagnes de l’arrière-plan. Là, si cousin Bénédict eût été botaniste, combien d’arbres, nouveaux pour lui, n’eussent pas manqué de provoquer son admiration !

C’étaient de ces hauts baobabs, — auxquels on a d’ailleurs faussement attribué une longévité extraordinaire, — dont l’écorce ressemblait à la syénite égyptienne, des lataniers, des pins blancs, des tamariniers, des poivriers d’une espèce particulière, et cent autres végétaux qu’un Américain n’est pas habitué à voir dans la région nord du nouveau continent.

Mais, circonstance assez curieuse, parmi ces essences forestières, on n’eût pas rencontré un seul échantillon de cette nombreuse famille des palmiers, qui compte plus de mille espèces, répandues à profusion sur presque toute la surface du globe.

Au-dessus de la plage voltigeaient un grand nombre d’oiseaux très criards, qui appartenaient pour la plupart à différentes variétés d’hirondelles, noires de plumage, avec un reflet bleu d’acier, mais d’un blond châtain à la partie supérieure de la tête. Çà et là se levaient aussi quelques perdrix, au cou entièrement pelé et de couleur grise.

Mrs Weldon et Dick Sand observèrent que ces différents volatiles ne paraissaient pas être trop sauvages. Ils se laissaient approcher sans rien craindre. N’avaient-ils donc pas encore appris à redouter la présence de l’homme, et cette côte était-elle si abandonnée que la détonation d’une arme à feu ne s’y fût jamais fait entendre ?

À la lisière des écueils se promenaient quelques pélicans de l’espèce du « pélican minor », occupés à remplir de petits poissons le sac qu’ils portent entre les branches de leur mandibule inférieure.

Quelques mouettes, venues du large, commençaient à tournoyer autour du Pilgrim.

Mais ces oiseaux étaient les seuls êtres vivants qui parussent fréquenter cette partie du littoral, — sans compter, sans doute, nombre d’insectes intéressants