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CE QU’IL CONVIENT DE FAIRE

— Oui, quel est votre avis ?

— Je n’ai point d’avis, répondit cousin Bénédict. Je trouve bien tout ce que l’on propose, et je ferai tout ce que l’on voudra. Veut-on rester ici un jour ou deux ? cela me va, et j’emploierai mon temps à étudier ce rivage au point de vue purement entomologique.

— Fais donc à ta volonté, dit Mrs Weldon à Dick Sand. Nous resterons ici, et tu partiras avec le vieux Tom.

— C’est convenu, dit cousin Bénédict le plus tranquillement du monde. Moi, je vais rendre visite aux insectes de la contrée.

— Ne vous éloignez pas, monsieur Bénédict, dit le novice. Nous vous le recommandons bien !

— Sois sans inquiétude, mon garçon.

— Et surtout, ne nous rapportez pas trop de moustiques ! » ajouta le vieux Tom.

Quelques instants après, l’entomologiste, sa précieuse boîte de fer-blanc en bandoulière, quittait la grotte.

Presque en même temps, Negoro l’abandonnait aussi. Il paraissait tout simple à cet homme de ne jamais s’occuper que de lui-même. Mais, tandis que cousin Bénédict gravissait les pentes de la falaise pour aller explorer la lisière de la forêt, lui, retournant vers la rivière, s’éloignait à pas lents et disparaissait une seconde fois en remontant la berge.

Jack dormait toujours. Mrs Weldon, le laissant sur les genoux de Nan, descendit alors vers la grève. Dick Sand et ses compagnons la suivirent. Il s’agissait de voir si l’état de la mer permettrait d’aller alors jusqu’à la coque du Pilgrim, où se trouvaient encore bien des objets qui pouvaient être utiles à la petite troupe.

Les récifs sur lesquels avait échoué le brick-goélette étaient maintenant à sec. Au milieu des débris de toutes sortes se dressait la carcasse du bâtiment, que la mer haute avait en partie recouverte. Ceci ne laissa pas d’étonner Dick Sand, car il savait que les marées ne sont que très médiocres sur le littoral américain du Pacifique. Mais, après tout, ce phénomène pouvait s’expliquer par la fureur du vent qui battait en côte.

En revoyant leur bâtiment, Mrs Weldon et ses compagnons éprouvèrent une impression pénible. C’était là qu’ils avaient vécu de longs jours, là qu’ils avaient souffert ! L’aspect de ce pauvre navire, à demi brisé, n’ayant plus ni mât ni voiles, couché sur le flanc comme un être privé de vie, leur serra douloureusement le cœur.