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HARRIS

errait alors sur le sommet de la falaise, en quête d’un insecte « introuvable », qu’il ne trouvait pas d’ailleurs.

Hercule le ramena bon gré mal gré. Mrs Weldon lui apprit que le départ était décidé, et que, pendant une dizaine de jours, il faudrait voyager à l’intérieur de la contrée.

Cousin Bénédict répondit qu’il était prêt à partir, et qu’il ne demandait pas mieux de traverser même l’Amérique tout entière, pourvu qu’on le laissât « collectionner » en route.

Mrs Weldon s’occupa alors, avec l’aide de Nan, de préparer un repas réconfortant. Bonne précaution avant de se mettre en chemin.

Pendant ce temps, Harris, accompagné de Dick Sand, avait tourné le coude de la falaise. Tous deux suivirent la berge sur un espace de trois cents pas. Là, un cheval, attaché à un arbre, fit entendre de joyeux hennissements à l’approche de son maître.

C’était une bête vigoureuse, d’une espèce que Dick Sand ne put reconnaître. Encolure longue, reins courts et croupe allongée, épaules plates, chanfrein presque busqué, ce cheval offrait, cependant, les signes distinctifs de ces races auxquelles on attribue une origine arabe.

« Vous voyez, mon jeune ami, dit Harris, que c’est un vigoureux animal, et vous pouvez compter qu’il ne nous manquera pas en route. »

Harris détacha son cheval, le prit par la bride et redescendit la berge, en précédant Dick Sand. Celui-ci avait jeté un regard rapide tant sur la rivière que vers la forêt qui enserrait ses deux rives. Mais il ne vit rien de nature à l’inquiéter.

Toutefois, lorsqu’il eut rejoint l’Américain, il lui posa brusquement la question suivante, à laquelle celui-ci ne pouvait guère s’attendre :

« Monsieur Harris, demanda-t-il, vous n’avez pas rencontré cette nuit un Portugais nommé Negoro ?

— Negoro ? répondit Harris du ton d’un homme qui ne comprend pas ce qu’on veut dire. Qu’est-ce que ce Negoro ?

— C’était le cuisinier du bord, répondit Dick Sand, et il a disparu.

— Noyé peut-être ?… dit Harris.

— Non, non ! répondit Dick Sand. Hier soir, il était encore avec nous ; mais pendant la nuit, il nous a quittés et il a remonté probablement la berge de cette rivière. Aussi, je vous demandais si vous, qui êtes venu de ce côté, vous ne l’aviez pas rencontré ?

— Je n’ai rencontré personne, répliqua l’Américain, et si votre cuisinier s’est