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KAZONNDÉ

José-Antonio Alvez n’entendait pas qu’on détériorât sa marchandise. Puis, il était d’un caractère gai, et depuis longtemps il n’avait si bien ri !

Il consola pourtant le tout déconfit Coïmbra, et celui-ci, remis sur pieds, revint prendre sa place près du traitant, tout en adressant un geste de menace à l’audacieux Austin.

En ce moment, Dick Sand, poussé par un havildar, était amené devant Alvez.

Celui-ci, évidemment, savait ce qu’était le jeune novice, d’où il venait, et comment il avait été pris au campement de la Coanza.

Aussi, après l’avoir regardé d’un œil assez méchant :

« Le petit Yankee ! dit-il en mauvais anglais.

— Oui ! Yankee ! répondit Dick Sand. Que veut-on faire de mes compagnons et de moi ?

— Yankee ! Yankee ! Petit Yankee ! » répétait Alvez.

N’avait-il pas compris, ou ne voulait-il pas comprendre la demande qui lui était faite ?

Dick Sand, une seconde fois, posa la question relative à ses compagnons et à lui. Il s’adressa en même temps à Coïmbra, qu’à ses traits, si dégradés qu’ils fussent par l’abus des liqueurs alcooliques, il avait reconnu ne pas être d’origine indigène.

Coïmbra renouvela le geste de menace qu’il avait déjà adressé à Austin et ne répondit pas.

Pendant ce temps, Alvez causait assez vivement avec l’Arabe Ibn Hamis, et de choses, évidemment, qui concernaient Dick Sand et ses amis. Sans doute, on allait les séparer de nouveau, et qui sait si jamais l’occasion d’échanger quelques paroles leur serait encore offerte.

« Mes amis, dit Dick Sand à mi-voix, et comme s’il se fût parlé à lui-même, quelques mots seulement ! J’ai reçu par Dingo un billet d’Hercule. Il a suivi la caravane. Harris et Negoro entraînaient Mrs Weldon, Jack et monsieur Bénédict. Où ? Je ne le sais plus, s’ils ne sont pas ici, à Kazonndé. Patience, courage, soyez prêts à toute occasion. Que Dieu ait enfin pitié de nous !

— Et Nan ? demanda le vieux Tom.

— Nan est morte !

— La première !…

— Et la dernière !… répondit Dick Sand, car nous saurons bien !… »

En ce moment, une main se posa sur son épaule, et il entendit ces paroles prononcées de ce ton aimable qu’il connaissait trop :