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QUELQUES NOUVELLES DU DOCTEUR LIVINGSTONE

Alvez possédait des factoreries. On se rappelle même qu’Harris avait parlé à Negoro d’un certain lieutenant Cameron qui pourrait bien avoir l’outrecuidance de traverser l’Afrique d’une côte à l’autre, et, après y être entré par Zanzibar, d’en sortir par l’Angola.

Le traitant avait raison de craindre, en effet, et l’on sait que, quelques années après, Cameron au sud, Stanley au nord, allaient explorer ces provinces peu connues de l’ouest, décrire les monstruosités permanentes de la traite, dévoiler les complicités coupables des agents étrangers, et en faire retomber la responsabilité sur qui de droit.

Cette exploration de Cameron et de Stanley, ni Alvez ni le métis n’en pouvaient rien connaître encore ; mais, ce qu’ils savaient, ce qu’ils dirent, ce que Mrs Weldon entendit, et ce qui était d’un si grand intérêt pour elle, en un mot, ce qui l’avait soutenue dans son refus de souscrire immédiatement aux demandes de Negoro, c’était ceci :

Avant peu, très probablement, le docteur David Livingstone arriverait à Kazonndé.

Or, l’arrivée de Livingstone avec son escorte, la grande influence dont le grand voyageur jouissait en Afrique, le concours des autorités portugaises de l’Angola qui ne pouvait lui manquer, cela pouvait amener la mise en liberté de Mrs Weldon et des siens, malgré Negoro, malgré Alvez ! C’était peut-être leur rapatriement dans un délai rapproché, et sans que James W. Weldon eût eu à risquer sa vie dans un voyage dont le résultat ne pouvait qu’être déplorable.

Mais y avait-il quelque probabilité que le docteur Livingstone dût prochainement visiter cette partie du continent ? Oui, car, en suivant cet itinéraire, il allait compléter l’exploration de l’Afrique centrale.

On sait quelle a été l’existence héroïque du fils du petit marchand de thé de Blantyre, village du comté de Lanark. Né le 13 mars 1813, David Livingstone, le second de six enfants, devenu à force d’études théologien et médecin, après avoir fait son noviciat dans la « London missionary Society », débarquait au Cap en 1840, avec l’intention de rejoindre le missionnaire Moffat dans l’Afrique méridionale.

Du Cap, le futur voyageur se rendit au pays des Béchuanas qu’il explora pour la première fois, revint à Kuruman, épousa la fille de Moffat, cette vaillante compagne qui devait être digne de lui, et, en 1843, il fondait une mission dans la vallée de Mabotsa.