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PRÉPARATIF

Une seule place était libre sur l’avant de la baleinière, — celle que devait occuper le capitaine Hull.

Il va de soi que l’équipage du Pilgrim, avant de quitter le bord, avait mis le navire en panne. Autrement dit, les vergues étaient brassées de manière que les voiles, contrariant leur action, maintenaient le brick-goélette à peu près stationnaire.

Au moment d’embarquer, le capitaine Hull jeta un dernier coup d’œil sur son bâtiment. Il s’assura que tout était en ordre, les drisses bien tournées, les voiles convenablement orientées. Puisqu’il laissait le jeune novice à bord pendant une absence qui pouvait durer plusieurs heures, il voulait, avec raison, qu’à moins d’urgence, Dick Sand n’eût pas à exécuter une seule manœuvre.

Au moment de partir, il lui fit ses dernières recommandations.

« Dick, dit-il, je te laisse seul. Veille à tout. Si, par impossible, il devenait nécessaire de remettre le navire en marche, au cas où nous serions entraînés trop loin à la poursuite de cette jubarte, Tom et ses compagnons pourraient parfaitement te venir en aide. En leur indiquant bien ce qu’ils auraient à faire, je suis assuré qu’ils le feraient.

— Oui, capitaine Hull, répondit le vieux Tom, et M. Dick peut compter sur nous.

— Commandez ! commandez ! s’écria Bat. Nous avons si bonne envie de nous rendre utiles !

— Sur quoi faut-il tirer ?… demanda Hercule, en retroussant les larges manches de sa veste.

— Sur rien pour l’instant, répondit Dick Sand en souriant.

À votre service, reprit le colosse.

— Dick, reprit le capitaine Hull, le temps est beau. Le vent est tombé. Nul indice qu’il se reprenne à fraîchir. Surtout, quoi qu’il arrive, ne mets d’embarcation à la mer et ne quitte pas le navire !

— C’est entendu.

— S’il devenait nécessaire que le Pilgrim vînt nous rejoindre, je te ferais un signal en hissant un pavillon au bout d’une gaffe.

— Soyez tranquille, capitaine, je ne perdrai pas de vue la baleinière, répondit Dick Sand.

— Bien, mon garçon, répondit le capitaine Hull. Du courage et du sang-froid. Te voilà capitaine en second. Fais honneur à ton grade. Personne n’en a occupé un pareil à ton âge ! »