Page:Verne - Une ville flottante, 1872.djvu/125

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renaissait-elle peu à peu sous l’influence de ce spectacle grandiose ? Soudain, je vis Fabian faire un pas vers elle. Ellen s’était levée brusquement ; elle s’avançait près de l’abîme ; ses bras se tendaient vers le gouffre ; mais s’arrêtant tout à coup, elle passa rapidement la main sur son front, comme si elle eût voulu en chasser une image. Fabian, pâle comme un mort, mais ferme, s’était d’un bond placé entre Ellen et le vide. Elle avait secoué sa blonde chevelure. Son corps charmant avait tressailli. Voyait-elle Fabian ? Non. On eût dit une morte revenant à la vie, et cherchant à ressaisir l’existence autour d’elle !

Le Delphin abandonna la cale.

Le capitaine Corsican et moi, nous n’osions faire un pas, et pourtant si près de ce gouffre, nous redoutions quelque malheur. Mais le docteur Pitferge nous retint :

« Laissez, dit-il, laissez faire Fabian. »