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LES ANGLAIS AU POLE NORD

bord ; en effet, dix minutes après avoir exécuté les ordres d’Hatteras, il revenait à son poste.

L’équipage se tenait sur le pont, par un temps sec et assez clair ; la neige avait cessé de tomber ; Hatteras, debout sur la dunette avec Shandon et le docteur, comptait les minutes sur son chronomètre.

À huit heures trente-cinq minutes, une explosion sourde se fit entendre, et beaucoup moins éclatante qu’on ne l’eût supposée. Le profil des montagnes fut brusquement modifié, comme dans un tremblement de terre ; une fumée épaisse et blanche fusa vers le ciel à une hauteur considérable, et de longues crevasses zébrèrent les flancs de l’ice-berg, dont la partie supérieure, projetée au loin, retombait en débris autour du Forward.

Mais la passe n’était pas encore libre ; d’énormes quartiers de glace, arc-boutés sur les montagnes adjacentes, demeuraient suspendus en l’air, et l’on pouvait craindre que l’enceinte ne se refermât par leur chute.

Hatteras jugea la situation d’un coup d’œil.

« Wolsten ! » s’écria-t-il.

L’armurier accourut.

« Capitaine ! fit-il.

— Chargez la pièce de l’avant à triple charge, dit Hatteras, et bourrez aussi fortement que possible.

— Nous allons donc attaquer cette montagne à boulets de canon ? demanda le docteur.

— Non, répondit Hatteras. C’est inutile. Pas de boulet, Wolsten, mais une triple charge de poudre. Faites vite. »