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LES ANGLAIS AU POLE NORD

Le docteur dépouilla entièrement le malheureux exhumé ; il ne trouva sur lui aucune trace de blessure ; aidé de Bell, il le frictionna vigoureusement avec des étoupes imbibées d’esprit-de-vin, et il sentit peu à peu la vie renaître en lui ; mais l’infortuné était dans un état de prostration absolue et complètement privé de la parole ; sa langue adhérait à son palais, comme gelée. Le docteur chercha dans les poches de ses vêtements. Elles étaient vides. Donc pas de document. Il laissa Bell continuer ses frictions et revint vers Hatteras.

Celui-ci, descendu dans les cavités de la maison de neige, avait fouillé le sol avec soin, et remontait en tenant à la main un fragment à demi brûlé d’une enveloppe de lettre. On pouvait encore y lire ces mots :

… tamont,
orpoise
w-York.

« Altamont ! s’écria le docteur, du navire le Porpoise ! de New-York !

— Un Américain ! fit Hatteras en tressaillant.

— Je le sauverai ! dit le docteur, j’en réponds, et nous saurons le mot de cette épouvantable énigme. »

Il retourna près du corps d’Altamont, tandis qu’Hatteras demeurait pensif. Grâce à ses soins, le docteur parvint à rappeler l’infortuné à la vie, mais non au sentiment ; il ne voyait, ni n’entendait, ni ne parlait, mais enfin il vivait !

Le lendemain matin, Hatteras dit au docteur :

« Il faut cependant que nous partions.

— Partons, Hatteras ! le traîneau n’est pas chargé, nous y transporterons ce malheureux, et nous le ramènerons au navire.