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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

glace, suivant la mode esquimaude, et laissaient passer une lumière douce comme celle du verre dépoli.

Au-devant du salon, entre ses deux fenêtres, s’allongeait un couloir semblable à un chemin couvert, et qui donnait accès dans la maison ; une porte solide enlevée à la cabine du Porpoise le fermait hermétiquement. La maison terminée, le docteur fut enchanté de son ouvrage ; dire à quel style d’architecture cette construction appartenait eut été difficile, bien que l’architecte eût avoué ses préférences pour le gothique saxon, si répandu en Angleterre ; mais il était question de solidité avant tout ; le docteur se borna donc à revêtir la façade de robustes contre-forts, trapus comme des piliers romans ; au-dessus, un toit à pente roide s’appuyait à la muraille de granit. Celle-ci servait également de soutien aux tuyaux des poêles qui conduisaient la fumée au-dehors.

Quand le gros œuvre fut terminé, on s’occupa de l’installation intérieure. On transporta dans la chambre les couchettes du Porpoise ; elles furent disposées circulairement autour d’un vaste poêle. Banquettes, chaises, fauteuils, tables, armoires furent installés aussi dans le salon qui servait de salle à manger ; enfin la cuisine reçut les fourneaux du navire avec leurs divers ustensiles. Des voiles tendues sur le sol formaient tapis et faisaient aussi fonction de portières aux portes intérieures qui n’avaient pas d’autre fermeture.

Les murailles de la maison mesuraient communément cinq pieds d’épaisseur, et les baies des fenêtres ressemblaient à des embrasures de canon.

Tout cela était d’une extrême solidité ; que pouvait-on exiger de plus ? Ah ! si l’on eût écouté le docteur, que n’eût-il pas fait au moyen de cette glace et de cette neige, qui se prêtent si facilement à toutes les combinaisons ! Il ruminait tout le long du jour mille projets superbes qu’il ne songeait guère à réaliser, mais il amusait ainsi le travail commun par les ressources de son esprit.

D’ailleurs, en bibliophile qu’il était, il avait lu un livre assez rare de M. Kraft, ayant pour titre : « Description détaillée de la maison de glace construite à Saint-